- Volume 1 -
La Déclaration Inter Insigniores
Analyse et prospectives à partir de la pensée de Hans Urs von Balthasar
« La mystique se situe dans le réel »
Hans Urs von Balthasar
Dans un déjà-là à découvrir !
Dans un tenir compte de l'expérience de foi vécue se profile à l'horizon balthasarien l'expérience fondamentale d'une femme mariée, deux fois, Madame Adrienne von Speyr, première femme suisse à devenir médecin. De foi protestante et suite à une quête religieuse en divers lieux, celle-ci se convertit au christianisme romain, suite à sa rencontre avec Hans Urs von Balthasar (1940). Elle demande le baptême. Devenu son guide spirituel, Von Balthasar est cependant redevable à celle-ci de sa conversion (metanoia) ou perception nouvelle de la mission 'personnelle' et 'ecclésiale' de Marie et des 'missions féminines', sous la dimension trinitaire de tout être humain en Dieu (Domaine de la métaphysique). Hans Urs von Balthasar insère dans l'un des volumes de sa trilogie, les citations dans le texte, de plus de 40 volumes vonspeyriens (vol. Dénouement dernier volume de sa Dramatique divine). Sous la dimension trinitaire de l'ordination ministérielle (Théologique), il intègre le 'fiat' de Marie aux fondements du ministère (Inter Insigniores et théologie classique). Pour ce qui concerne la participation d'Adrienne à son oeuvre, Von Balthasar affirme que « ce serait une entreprise chimérique de vouloir distinguer nettement dans mes ouvrages postérieurs à 1940, ce qui est d'elle et ce qui est de moi » (L'Institut St-Jean, p. 57). De là découle, la communication que je présentais au 39e Congrès de l'ACFAS, colloque 316, le 10-05-2011. Elle vous est présentée sous la rubrique « l'oeuvre commune ».
Et fait intéressant pour mon analyse, il est de première importance de démontrer le cheminement particulier d'Adrienne. En premier lieu, Hans Urs von Balthasar lui conseillait de rencontrer le père Hugo Rahner, s.j. L' intérêt d 'Adrienne envers Mary Ward lui fait ressentir une grande déception suite à l'échec de la mission de Mary Ward (TH-EV, p. 309). La raison évoquée serait le manque d'intérêt des autorités ecclésiales. Aussi est-il possible de remarquer un fait fondamental. Aux fondements de la communauté créée par nos co-auteurs, B. conseille à A. la lecture des lettres de saint Ignace de Loyola qui furent d'un plus grand réconfort pour Adrienne (L'Institut St-Jean, 39, 46-47). Cependant la re-lecture récente de l'oeuvre commune tournait mon regard vers les publications d'Hugo Rahner, publiées en 1963. Ces lettres corroboraient en quelques sortes l'ouverture d'Adrienne Von Speyr envers cette communauté féminine, créée en comm-union avec Von Balthasar. En ce lieu, il est possible de découvrir comment Ignace de Loyola accueillait une femme mariée comme membre de l'Ordre permanent de la Compagnie de Jésus. La publication des 'Lettres d'Ignace de Loyola aux femmes de son temps' par le père Hugo Rahner, s.j., justifie notre questionnement contemporain. Au 16e siècle espagnol, Ignace et son conseil accueillaient « la princesse Jeanne d'Espagne, cette femme mariée dirigée par le Père de Borgia, nouveau supérieur général de l'Ordre, qui fut mieux connue sous le nom masculin de Mathieu (Matteo) Sanchez. Née le 24 juin 1535, « celle-ci recevait l'autorisation proprement dite d'entrer dans son Ordre (Rome, 3 janvier 1555. Rome). Et tel qu'attesté à la fin de sa vie, « la fille de l'empereur entrait dans l'éternité comme unique Jésuitesse de l'histoire de l'Église, le 7 septembre 1573 » ( Hugo Rahner, Ignace de Loyola et les femmes de son temps, vol 1, DDB, 1964, p. 122 ; cf. Hugo Rahner: St. Ignatius Loyola, Letters to Women, Herder, KG, N.Y., 1960: « On September 7th, 1573 the emperor's daughter entered into eternal life, the only female Jesuit in the Church's history. », p. 67).
Dans ce contexte particulier, la trilogie balthasarienne permet d'ouvrir et d'élargir la question de l'unicité 'masculine' du ministère ordonné (cf. Osservatore Romano: La tradition ininterrompue et la question de l'admission des femmes au sacerdoce ministériel (1978); Women Priests ? (tr.1979); De la haute dignité de la femme (1982); Thoughts on the Priesthood of Women (1986)). Von Balthasar étant décédé au moment d'Ordinatio Sacerdotalis (1994), la question de l'admission des femmes au sacerdoce ministériel posée dans ma recherche demeurait ouverte à tout possible. Par la communauté féminine créée avec Adrienne, von Balthasar répondait ainsi à l'Appel ignatien: « Ce qu'il voulait au fond, dit Von Balthazar à l'abbé Marcel Brisebois, c'était de continuer cet Ordre, qui est un Ordre de prêtres, dans le monde d'aujourd'hui.... Je dirais, poursuit-il, pas au monde, mais pour le moment, aux Jésuites. Von B. désirait apporter une grande théologie qui serait derrière les Exercices spirituels, derrière tout ce qu'Ignace a pensé et dit. » . (Hans Urs von Balthasar, Émission Rencontres/Radio-Canada, 27-01-1981 ; cf.Gloria.tv/Dieu-parmi-nous: Entretiens avec Hans Urs von Balthasar I-II; cf. Pierrette Petit, Un grand théologien spirituel: Hans Urs von Balthasar, Méridien, 1985 ). Et, saint Ignace répondait à la quête féminine en son temps. Bien que ma thèse ne fut présentée qu'en première lecture sous la thématique suivante: La mission "personnelle" de Marie et les missions féminines d'après l'oeuvre d'Hans Urs von Balthasar, sous la "constellation christologique" primitive et sa valeur d'intégration, je la publiais à la demande d'évêques et de théologiens. À cet effet, Je rédigeais mes recherches à partir de la question spécifique posée par Inter Insigniores, à partir de la pensée de Hans von Balthasar. Comme prémisse, l'article de Von Balthasar publié dans l'Osservatore Romano du 29 mars 1978. Tel qu'il l'affirmait en 1978, « nous n'en étions qu'aux premiers balbutiements ».
Le 17 octobre 2010, venue à Rome pour la canonisation de saint André Bessette, je déposais à la poste vaticane deux exemplaires de mon volume pour le Saint Père. Deux ans se seront écoulés lorsque je reçus de S.S. Benoit XVI, via son Secrétaire particulier Mgr Georg GeirGänswein, l'un des volumes qu'il publiait comme suit: L'enfance de Jésus ( Flammarion, 2012, 188 p). Suite à l'envoi de mon second volume, je recevais sa première encyclique: Dieu est Amour. En avril dernier, deux lettres me parvenaient, via la Nonciature Apostolique du Canada. Elles provenaient de la Secrétairerie d'État. L'une provenait de notre pape émérite S.S. Benoît XVI, et l'autre de notre Saint Père François. En janvier 2018, je leur fis parvenir la 2e édition de mon second volume, accompagnée de l'évolution de mes travaux tout en intégrant dans le volume 'ma propre expérience de foi'. À cet effet, si l'oeuvre de Hans Urs von Balthasar me permit de saisir les fondements du ministère épiscopal, ma correspondance personnelle offrait de nouveaux horizons aux fondements du ministère sacerdotal: « Non plus serviteurs, servantes, mais ami.e.s de Jésus » ( cf. Jn 15, 15, Mc 3, 13). Mon second volume tient compte de cet aspect particulier.
Dès lors, il est essentiel de découvrir l'ampleur de l'oeuvre commune de ces maîtres à penser. La trilogie balthasarienne propose l'intégration et l'interrelation de l'ensemble et non une étude partielle de la trilogie : La Gloire et la Croix (8 vol.); La Dramatique Divine (5 vol.); La Théologique (3 vol.) et l'Épilogue. Intégrant ainsi la pensée de la co-auteure Adrienne von Speyr, on ne saurait la détacher de l'ensemble tel que le démontre les 2/3 du volume Dénouement, 5e volume de la Dramatique divine. À cet effet, l'oeuvre commune comprend plus de 100 volumes (1961-1989 all. et +10 ans pour la version française 1965-1999).
Dans ce contexte, j'ajoute en ce jour, du 22 novembre 2018, les transformations accordées à l'oeuvre de Mary Ward, auteure qui interpellait Madame Adrienne von Speyr et Hans Urs von Balthasar (Inst. St-Jean, p, 41; Esprit de Vérité, th.3, Théologique, p. 309).
À cet égard, « le 07 juin 2003, près de quatre siècles après que Mary Ward déclare avoir reçu l'ordre divin, « Take the same of the Society [of Jesus]», l'Église permet enfin à la vocation de la fondatrice d'exister telle qu'elle l'aurait souhaitée, en adaptant les règles d'Ignace de Loyola pour une congrégation de femmes à qui l'on octroie enfin le droit de porter le nom de Congrégation de Jésus (cf. Mme Sophie Houdard, Un. Paris III, Sorbonne Nouvelle dans Revue de l'histoire des religions, a. Laurence Lux-Sterritt, 2008/e. 2011/2016). À ce sujet, le pape Benoit XVI promulgue un décret. Le 19 décembre 2009, le décret rend Mary Ward, Vénérable. Or, selon le désir exprimé par l'oeuvre commune d'Hans Urs von Balthasar et de Madame Adrienne von Speyr, leur quête concerne la poursuite de l'Ordre des jésuites au féminin qui tel que l'affirme Von Balthasar est un ordre de prêtres, op. cité ci-haut. Tel semblerait l'objectif poursuivi par Von Balthasar. Vous le découvrirez peu à peu à la lecture du volume présenté sur ce site web.
Margo Gravel-Provencher, théologienne
Mariée, mère et grand-mère
recherche doctorale: 1998-2007, Un. de Sherbrooke.
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Or, au 16e siècle espagnol, deux maîtres spirituels portaient aussi la question des fondements du ministère sacerdotal. Selon les 'Lettres d'Ignace de Loyola aux femmes de son temps' publiées par le père Hugo Rahner, s.j., la princesse Jeanne aurait séjourné chez les Carmes déchaussés. C'est pourquoi, je me sens privilégiée d'avoir pu approfondir les fondements de cette pensée lors de mes études doctorales sanjuanistes à l'Université Saint-Paul d'Ottawa (1994). L'étude des commentaires de saint Jean-de-la-Croix me conduit alors vers la 'révélation du Seigneur' reçue par sainte Thérèse d'Avila: « Tu es ma véritable Épouse. Mon honneur est le tien et ton honneur est le mien » (XXVIII-18-11-1572). Cette strophe sera reprise par saint Jean de la Croix dans les Commentaires de son Cantique Spirituel str, 36, 5: « Tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi (Jn 1,10) Le Christ, poursuit-il, qui est la Tête (Col 1,18), n'a point parlé en son nom seulement, mais aussi au nom de son propre corps mystique tout entier, qui est l'Église (Col 1,24). Toutefois, l'intégration de cette strophe ne fait pas référence à la révélation reçue par Thérèse d'Avila. Au 16e siècle espagnol, les oeuvres sont présentées indépendamment dans leur unicité propre.
À cet égard, le 20e siècle apportait une ouverture par cette oeuvre commune d'Adrienne von Speyr et Hans Urs von Balthasar. Que s'est-il passé entre-temps. À cet effet, le 17e siècle et le 19e siècle deviennent porteurs de renouveau. Mon second volume permet de saisir cette perception nouvelle. Il tient en compte ma thèse de maîtrise consacrée à la spiritualité sacerdotale ou spiritualité ministérielle.