Sainte Cécile du Trastevere et catacombe Saint Callixte Fondatrice d'une église au 2e siècle « concile de Mansi »
fête liturgique : 22 novembre
fondatrice d'une église et grande inspiratrice de la réforme liturgique de Vatican II
Au coeur du renouveau liturgique
Sainte Cécile, toujours agissante. Au 19e siècle, la réforme bénédictine de Dom Prospère Guéranger s’engage envers la reconnaissance de l’ égalité des femmes et des hommes au sein de la vie monastique, suite à sa découverte du rôle de sainte Cécile au 2e siècle de l’ère paléochrétienne. De ce lieu, vient la naissance de l’Archéologie chrétienne moderne romaine chez l’archéologue Jean-Baptiste ROSSI.
Une étude sur la réforme liturgique de Vatican II publiée en 1985 par la Nouvelle Revue Théologique énonce les travaux de Dom Prosper Guéranger (1805-1875), initiateur de la réforme bénédictine féminine et masculine. Tout en reconnaissant le travail du moine et de l’historien, il est essentiel d’évoquer la collaboration de l’archéologue J.-B. Rossi (1822-1894). « Le travail du Concile fut préparé par un renouveau liturgique à la base dont les premières manifestations à l’époque moderne remontent au XIXe siècle avec Dom P. Guéranger, abbé de Solesmes. En Belgique au début de ce siècle, les bénédictins de Louvain donnaient le branle d’un mouvement liturgique de type pastoral (1945) ». C’est pourquoi, je crois nécessaire d’indiquer le lien essentiel entre l’archéologie et l’histoire, lieu-source de ces mouvements de renouveau. Cette collaboration unique entre Dom Guéranger et Jean-Baptiste Rossi, démontre comment la rédécouverte du corps d’une femme dans les catacombes romaines transformait la modernité par une attention nouvelle envers l’engagement des femmes aux deux premiers siècles de l’Église romaine. Fussent-ils dans l’égalité entre les sexes ou dans les fondations d’églises ! « En 1849, écrit l’historien, nous avions osé entreprendre de traiter l’épisode romain de sainte Cécile, que nos études sur les antiquités de la ville sainte nous avaient révélé déjà comme un point central » . À cet effet, « un guide était nécessaire dans cette marche si fructueuse, et la même Providence l’a fourni à notre temps en la personne de M. le commandeur J.-B. Rossi ». En ce lieu, l’archéologie romaine transforme nos certitudes. Dans cette quête de compréhension des tenants et des aboutissants qui ont conduit vers la réforme liturgique de Vatican II, peu évoque la collaboration entre ces deux experts. Constamment réécrite suite aux découvertes, Dom Guéranger stipule que la redécouverte de sainte Cécile devînt lepoint central de leurs travaux: Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles, telle sera l’orientation de ces études qui indiquaient l’égalité des hommes et des femmes aux fondements des églises du IIe siècle romain. La découverte du cimetière (catacombe) de saint Callixte, de la crypte des papes et du tombeau de sainte Cécile donnait ainsi l’accès « aux sources » de l’Église chrétienne. Retrouvant son corps intact, on y discerne la brutalité et la violence de sa mort. Dans la catacombe, une copie de la sculpture en révèle les motifs. Située près de la crypte des papes, lieu de la première découverte en 822 par le pape Pascal, l’original sera placé sous l’autel dans l’église Sancta Cecilia du Trastevere. L’artiste Stefano Maderno sculpte la sainte dans la position retrouvée lors de la rénovation de l’église en 1599. Le sculpteur fait ressortir l’entaille faite par l’épée sur le cou de la sainte et la foi de Cécile dans l’unité et la trinité divine (manifestée par le geste des doigts de la main). Toutefois, si l’existence de la martyre ne fait aucun doute, on ne sait pas précisément sous quelle persécution elle fut mise à mort, étant donné que les archives de l’Église furent détruites sous Dioclétien.
Dès le 5e siècle, un concile romain authentifiait le don d’une église par une femme : « sainte Cécile, fondatrice d’une église au IIe siècle » (Mansi, 499). De nos jours, l’Église honore toujours cette femme. Le 2 février 1983, au jour de la fête de la Présentation-de-Jésus-au-Temple, l’archevêque de Milan recevait la pourpre cardinaliste par le pape Jean-Paul II. Près de 200 ans après la redécouverte du corps de sainte Cécile, le cardinal Carlo Maria Martini (1927-2012) recevait le titre de Cardinal-prêtre de S. Cecilia du Trastevere20.