INTRODUCTION La Déclaration Inter Insigniores
Analyse et prospectives à partir de la pensée de Hans Urs von Balthasar
.1: introduction
.2: titre et l’objectif
.3: choix de l’auteur
.4: problématique
.5: contextualité et les limites de la recherche
.6: hypothèse de recherche
.7: méthodologie
.8: plan de la recherche
.9: remarques
1. Introduction
Dans un temps de discernement ecclésial, la question de l’ordination de la femme considérée comme un obstacle à l’unité des Églises chrétiennes constitue l’orientation spécifique de ma recherche. À cet effet, il est intéressant de découvrir un maître à penser qui à travers son oeuvre et à l’intérieur de l’Église catholique romaine consacrait sa vie à justifier la mission “mariale” théologique et ecclésiale de Madame Adrienne von Speyr. Le théologien germaniste Hans Urs von Balthasar, Docteur en Lettres, reconnu par ses pairs comme « l’homme le plus cultivé de son temps marque une façon neuve d’aborder et de construire la théologie en l’enracinant dans l’histoire de la pensée et dans le mouvement de l’être humain vers Dieu » ( La Gloire et la Croix). « S’il y a de l’inédit dans la théologie de Balthasar c’est dû, en grande partie à cette source presque intarissable que lui offrait l’expérience spirituelle et mystique d’Adrienne von Speyr » (Mgr Peter Henrici )
Personnellement, cette recherche répond à deux attentes. Tout en offrant une attention à l’expérience de foi vécue, comme point de départ, source et soutien constant de mes recherches théologiques, cette quête permet de répondre à ma question fondamentale: pourquoi les femmes n’ont-elles pas accès au ministère sacerdotal ? N’y aurait-il pas un lieu qui justifierait une réouverture ecclésiale de la question? Après de nombreuses relectures de la déclaration Inter Insigniores, une des raisons indiquées retenait soudainement mon attention. Après avoir effectué « l’état de la question », cette remarque se lit comme suit:
Comme il s’agit là d’un débat sur lequel la théologie classique ne s’est guère attardée, l’argumentation actuelle risque de négliger des éléments essentiels. Pour ces raisons, en exécution d’un mandat qu’elle a reçu du Saint-Père et en écho à la déclaration que lui-même a faite dans sa lettre du 30 novembre 1975 (AAS 68/1976), la Congrégation pour la Doctrine de la Foi estime devoir rappeler que l’Église, par fidélité à l’exemple de son Seigneur, ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l’ordination sacerdotale, et elle croit opportun dans la “conjoncture actuelle” d’expliquer cette position de l’Église, qui sera peut-être ressentie douloureusement, mais dont la valeur positive apparaîtra à la longue, car elle pourrait aider à approfondir la mission respective de l’homme et de la femme. (I.I. par. 4-5).
C’est pourquoi l’analyse d’Inter Insigniores par Hans Urs von Balthasar, l’un des plus grands penseurs du 20e siècle (1905-1988), devient particulièrement intéressante. A priori, elle semble correspondre à la théologie mariale des fondateurs de communautés sacerdotales (17e siècle français). Toutefois, notre érudit comprend différemment la question: « en grande théologie classique, la dimension personnelle et existentielle n’est jamais absente. Une théologie non existentielle ne peut être digne de foi, car elle ne peut rien rendre vraiment visible » (GC-ESTH 509). Tel sera son leitmotiv dans son étude de la question de la femme-prêtre (cf. NE-WP 187-192). Soulignant la dimension trinitaire de la doctrine ministérielle en dernière analyse de sa trilogie (16/17 vol.), Von Balthasar indique le lieu théologique où nous conduit son oeuvre. Son oeuvre démontre l’importance de la co-auteure de son oeuvre: « la “christologie de l’Esprit-Saint” serait dû à l’intuition de Louis Bouyer qui, conduite à son terme par F.X.Durwel, fut clarifiée par Madame von Speyr (1902-1967). Et fait remarquable, von Balthasar participait en 1971 à la création du “document de travail”, présenté par la Commission Internationale de Théologie en première partie du Synode romain sur « le sacerdoce ministériel et la justice dans le monde ». De là l’importance de saisir le rôle véritable de Marie dans la vie du prêtre et de l’Église: « le fiat de Marie au Dieu, un et trine et les fonctions ecclésiales » (tr. in) À cet effet, que peut signifier la tradition ininterrompue? Et surtout, pourquoi celui-ci accorde-t-il une importance particulière aux « personnes théologiques » et à la « réponse de la femme » (DD-PD2 227-288).
2. Titre et objectif
Le titre tient en compte deux questions théologiques retenues en théologie du Nouveau Ministère selon la Nouvelle Alliance (“document de travail” du Synode des évêques 1971). Il est présenté sous la thématique suivante: La déclaration Inter Insigniores. Analyse et prospectives à partir de la pensée de Hans Urs von Balthasar. L’objectif fixé permet de fonder et de justifier la pertinence de la question posée dans cette étude, soit la quête des “éléments essentiels” pouvant justifier théologiquement la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel (Inter Insigniores, par. 4-5). En amont de la trilogie balthasarienne, la perception de Madame von Speyr qui, par sa formation de médecin, ne semble pas dissocier la conscience individuelle (Freud) de l’inconscient collectif (Jung). Au coeur de cette pensée vonspeyrienne, la dimension “priante” de la prêtrise de Marie (John IV), l’expression des vertus théologales se révélant “selon” la tradition des trois femmes (Three Women & the Lord), l’importance du rôle de Marie dans la vie du Christ et de l’Église (Marie dans la rédemption/1947). En aval, la dimension trinitaire de la mission de Jésus de Nazareth (Symposium romain 1985: La mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr ). De l’élection à la mission jaillissent peu à peu les aspects esthétiques de la révélation biblique (La Gloire et la Croix). Chez von Balthasar, la reconnaissance de la personne est fondamentale: « la grâce d’apercevoir, dit-il, un aspect particulier de la vérité révélée qui était peut-être oubliée ou trop peu considérée par la moyenne de la communauté ecclésiale; dans tous les cas, ce n’est pas le ‘sujet particulier’ qui est visé, mais l’Église dans son ensemble et il s’agit d’une grâce accordée à l’individu, en fonction de “sa mission” ecclésiale. » (La Gloire et la Croix, vol. 1, p. 351). Personne théologique située au coeur de l’Action, la personne touchée par la grâce en permet le Dénouement. Ces titres de la trilogie révèlent l’intégration de la mission ecclésiale et théologique de Madame Adrienne von Speyr qui est explicitement nommée au dernier volume de La Dramatique divine (+de 40 vol. vonspeyriens). Pour Hans Urs von Balthasar, « que la révélation soit close, à la mort du dernier apôtre, ne peut pas signifier que l’action révélatrice de Dieu, le caractère d’événement de sa révélation, soit passée, et que seule soit possible une réflexion rétrospective qui élabore un donné achevé. » (La Gloire et la Croix, vol. 1, p. 346). Dès lors peuvent apparaître ces prospectives d’avenir par le tenir compte du sujet récepteur qu’elle soit femme mariée ou non.
3. Choix de l’auteur
Déterminer le choix d’un auteur particulier relève d’une affinité particulière. Sinon comment poursuivre des études pendant plus d’une décennie sur un sujet aussi délicat (2001-2007). Cette quête permet alors de comprendre et de situer comment une expérience spirituelle peut devenir prospectives d’avenir par la perception des véritables problématiques ecclésiales dans un temps particulier de l’histoire, si celle-ci est comprise dans sa véracité. Ayant déjà effectuée des recherches en spiritualité sacerdotale mariale (la spiritualité sacerdotale mariale chez saint Louis-Marie Grignion de Montfort au 17e siècle français), l’analyse critique balthasarienne d’Inter Insigniores m’interpella vivement, car ce dernier tenait compte de la tradition mariale et de sa possible réception. Cependant l’oeuvre commune était immense voire gigantesque. Six aspects suscitaient ce choix: (1) les perceptions, mariale et ecclésiologique de l’analyse balthasarienne d’ Inter Insigniores; (2) la perception du féminin, de la féminité et du rôle de la femme dans la trilogie balthasarienne ; (3) l’intégration de la dimension trinitaire de l’ordination sacerdotale selon le pape Paul VI dans sa Théologique; (4) la reconnaissance d’un auteur « autorisé » sur la question posée par Inter Insigniores; (5) la qualité de cet érudit: Premier prix scientifique Paul VI ; (6) ses articles sur la femme-prêtre. Toutefois, la question demeurait entière. En effet, comment citer la pensée d’un auteur particulier sans connaître les sources et le développement de sa pensée. Une question demeurait en suspend. Elle concernait le “pourquoi “et le “comment” de la chose: pourquoi Hans Urs von Balthasar avait-il entrepris une telle tâche (1961-1987), et surtout, comment présentait-il son argumentaire? Malgré l’ampleur de la tâche, l’oeuvre suscitait cette passion qui engendre et soutient l’aridité de la recherche. Dès lors, il faut noter que depuis ce temps et ce, malgré Ordinatio Sacerdotalis, la revue Communio réédite sa pensée : (1) 1995/Hans Urs von Balthasar - women priests? A Marian Church in a fatherless and motherless culture (cf.1979/ Neue Klarstellungen; cf. 1982/ News Elucidations, Women priests?) ; (2) 1996/Hans Urs von Balthasar – On the male priesthood. Bien que l’orientation diffère, l’article reprend l’intégralité de son analyse d’Inter Insigniores ; (3) 1996/Thoughts on the priesthood of women.
4. Problématique
Pour ce qui concerne la problématique, il est fondamental de noter le “point de départ” de l’« oeuvre commune ». Tout en se réfèrant aux diverses perceptions du “féminin” et de la “féminité” dans l’histoire de l’humanité (poésie, philosophie, théologie) et tel que voulu par la théologie classique: sacramentum ordinis et rôle de l’évêque; l’Église et la figure de Marie, les Écritures, les pères de l’Église, la métaphysique, la psychologie et la sociologie de l’homme et de la femme (Haye van der Meer, s.j.), le point de départ concerne essentiellement l’expérience vécue par la co-auteure de son oeuvre (appel de Dieu). Chez Adrienne, il s’agit du dévoilement (apolyptein) de l’expérience spirituelle de la “Mère et l’Enfant” perçue en vue de la fondation d’une communauté que tous deux sont appelés à fonder (Institut St-Jean, p. 43/T 1293). L’analyse d’Inter Insigniores tient compte de ces fondements: « En Marie, écrit von Balthasar, l’Église et - qu’on le remarque, l’Église parfaite est déjà une réalité bien avant qu’il y ait une fonction apostolique » (tr. in. 2). Ceci sera constant tout au long de son oeuvre. Von Balthasar insiste sur la compréhension du rôle de Marie, symbole “réel” d’Israël (NE-WP? 192). Dès lors, nous pouvons comprendre le questionnement d’Inter Insigniores. « peut-être est-il opportun de rappeler que les problèmes d’ecclésiologie et de théologie sacramentaire, surtout quand ils concernent le sacerdoce, comme c’est ici le cas, ne peuvent trouver leur solution qu’à la lumière de la Révélation. Les sciences humaines, si précieux que soit leur apport dans leur domaine, n’y peuvent suffire, car elles ne peuvent saisir les réalités de la la foi: le contenu proprement surnaturel de celles-ci échappe à leur compétence ». La problématique est théologique (I.I. par. 35). En ce lieu, on ne saurait dissocier spiritualité et théologie de la personne vivant l’Action de Dieu au sein de son existence.
5. Contextualité rédactionnelle et limites de la recherche
Toutefois, dans cette quête des fondements, il devient primordial de situer la contextualité rédactionnelle de la trilogie balthasarienne.
(1) Dans un premier temps, la trilogie fut publiée en version française entre 1965 et 1997, sous les thématiques suivantes: La Gloire et la Croix (8 vol.), la Dramatique divine (5 vol.), la Théologique (3 vol.) et l’Épilogue (1 vol.). Toutefois, si la rédaction balthasarienne débutait 40 ans plus tôt (1925), son herméneutique théologique provient essentiellement de sa rencontre et des écrits rédigés sous la direction de la mystique suisse, Madame Adrienne von Speyr (1940-1967).
(2) Pour ce qui concerne la publication de la trilogie, la chronologie scripturaire de son oeuvre fait apparaître des variantes. Au temps d’ Inter Insigniores, la version française ne contenait pas encore la traduction des volumes 4 à 6 de la version originale allemande. Or, ces volumes consacrés au Domaine de la Métaphysique ont une importance capitale pour quiconque désire comprendre son esthétique théologique. Cette esthétique théologique rompt avec la théologie traditionnelle des traités et des états (loci); elle ne dissocie pas la philosophie religieuse de la théologie de la révélation biblique (Épilogue, p. 5).
(3) De là, découle l’importance de retenir ces aspects lorsque le “vide de la théologie classique” sera énoncé. Quels sont ces éléments essentiels recherchés? À la période conciliaire, sous la direction de Karl Rahner, s.j., Haye von der Meer, s.j. ne plaidait-il pas en faveur de l’ordination de la femme au sacerdoce ministériel, à partir des critères de la théologie classique? Ces critères se définissent comme suit: sacramentum ordinis et le ministère de l’évêque (Pie XII), l’Église et la figure de Marie, les Écritures, les pères de l’Église et la Métaphysique (philosophie et psychologie de l’homme et de la femme).
(4) Devant la littérature abondante consacrée à son oeuvre, je limite ma recherche à cet auteur particulier qui me conduit vers le “renouveau doctrinal” du pape Paul VI et dont Madame Adrienne von Speyr en facilitait la compréhension, avant sa mort en 1967(La Théologique, Esprit de Vérité, p. 51). De là l’importance accordée à « l’oeuvre commune » de ces géants contemporains.
6. Hypothèse de la recherche
Tout au cours de la recherche, l’hypothèse retenue au début de ma recherche fut appelée à répondre aux attentes mentionnées en introduction de la Déclaration Inter Insigniores, soit la quête des “éléments essentiels” généralement proposés par la théologie classique. Or en ce temps spécifique de l’histoire, le pape Paul VI renouvelle la doctrine ministérielle (1968). Dès lors, la question des fondements du ministère sacerdotal demande non plus uniquement l’intégration de la doctrine ministérielle du pape Pie XII (sacramentum ordinis), mais aussi la réception de la doctrine trinitaire ministérielle du pape Paul VI (liber de ordinatione ). Cela signifie tenir ensemble la christologie et la pneumatologie ( La Théologique, l’Esprit de Vérité et le Liber de Ordinatione,, p. 338, note 65.) La trilogie balthasarienne permet de comprendre cette quête des “éléments essentiels” pouvant favoriser l’acception des femmes dans le ministère sacerdotal, non seulement sous la dimension trinitaire (christologie, ecclésiologie), mais par une perception nouvelle du rôle de Marie dans la vie du Christ et de l’Église (GC-NA 306. 414 .420; cf. L.G. no 60)
CONSIDÉRANT:
1: l’intervention de l’épiscopat canadien comme ouverture envers les « nouveaux ministères féminins » lors du Synode des évêques sur le sacerdoce ministériel et la justice dans le monde (1971);
2: l’intégration au “document de travail” de Marie et de Marie de Magda dans “service eschatologique” et en “spiritualité du prêtre” (1971);
3: la nécessaire authentification par l’évêque de l’Appel de Dieu aux femmes d’aujourd’hui (I.I.par. 38)
IL EST POSSIBLE DE SOUTENIR QUE:
1: l’insertion du renouveau ministériel doctrinal dans la trilogie balthasarienne justifie le titre et l’objectif de cette recherche théologique;
2: Hans Urs von Balthasar permet de saisir la visée théologique d’un appel “personnel” par cette méthodologie de l’esthétique théologique présente dans l’ensemble de son oeuvre;
3: la mission “personnelle” de Marie et les missions féminines telles que proposées dans l’« oeuvre‘ commune » de Hans Urs von Balthasar et de Madame Adrienne von Speyr justifient pleinement la question posée par Inter Insigniores
7. Méthodologie
Afin de discerner et saisir le cheminement particulier qui a conduit vers une prise-de-position envers la ‘possible’ admission des femmes au sacerdoce ministériel tout en respectant les prospectives d’avenir selon les critères de la théologie classique, je formulerai mon argumentaire selon la méthodologie suivante: discerner - répertorier - reconstruire - accueillir:
1. Discerner le matériel balthasrien et vonspeyrien favorisant une compréhension plus profonde de la trilogie balthasarienne ;
2. Répertorier les volumes provenant d’une littérature secondaire publiée sur l’oeuvre d’Hans Urs von Balthasar ;
3 Reconstruire l’oeuvre littéraire selon la publication originale allemande disponible au temps d’Inter Insigniores (intégration de sa Métaphysique);
4. Accueillir les récits scripturaires du sujet récepteur comme prospectives d’avenir offerte“en” notre temps et “pour” notre temps (Dramatique divine et Théologique)
Toutefois la présentation de la pensée de Hans Urs von Balthasar obligeait un certain discernement suite aux multiples recensions, monographies, dissertations ou thèses publiées sur les diverses facettes de son œuvre (+91 pages). Parmi eux, il fut possible de répertorier 50 études françaises. Cependant, l’objectif de ma thèse ne concerne qu’une infime partie d’entre elles. C’est pourquoi, le "matériel" retenu provient plus spécifiquement de la trilogie balthasarienne et de l’oeuvre scripturaire de Madame Adrienne von Speyr. À cet égard, bien que le corpus de ma thèse provient de la traduction française de sa trilogie, ma grille d’analyse est proposée selon la version originale allemande et non selon la chronologie de la publication française. Cela signifie que ma relecture de La Gloire et la Croix tient compte des trois volumes du Domaine de la Métaphysique insérés entre les volumes Styles II et l’Ancienne Alliance. Pour ce qui concerne la Dramatique Divine, la Théologique et l’Épilogue, j’ai suivi l’ordre de présentation française car tous deux sont identiques. À cela, j’ai ajouté plus de 40 volumes de Hans Urs von Balthasar.
8. Plan de la recherche
Désirant atteindre l’objectif fixé qui est celui de rendre perceptible cette quête des fondements à partir de la pensée d’Hans Urs von Balthasar tout en percevant aussi la pensée d’Adrienne von Speyr inscrite en elle, mon plan de travail est réparti en trois parties, selon la présentation de la trilogie balthasarienne : La Gloire et la Croix, la Dramatique divine, la Théologique suivies de l’Épilogue.
1 : La première partie présente les prolégomènes nécessaires à l’étude de la question posée par Inter Insigniores : l’admission des femmes au sacerdoce ministériel. Il s’agit de situer la contextualité de la Déclaration et en même temps de comprendre l’apport fondamental des auteurs choisis. Cela signifie qu’il est fondamental de comprendre pourquoi et comment Hans Urs von Balthasar accueille et intègre la pensée du sujet récepteur, en l’occurence Madame Adrienne von Speyr. Dans un premier temps, je présente les documents pontificaux Mater et Magistra, Pacem in Terris qui seront suivis de la Constitution pastorale Gaudium et Spes. À cela, j’insère la pensée des divers représentants des commissions qui se sont exprimés sur le sujet : conférences épiscopales ou congrégations des supérieurs généraux. Un deuxième temps suscite l’attention car il s’agit du "document de travail" du Synode des évêques sur le sacerdoce ministériel et la justice sociale. Le père Hans Urs von Balthasar participait à sa création au sein de la Commission Internationale de Théologique. En ce lieu, un premier argument biblique met en relief le rôle de la Femme. Du service eschatologique du ministère sacerdotal à la spiritualité du prêtre, ces premiers jalons transforment l’horizon lorsqu’on inscrit le rôle impératif de Marie de Magdala (Jn 20, 18 ss.). Un troisième temps fait référence à la Commission pontificale sur la Femme dans la vie de l’Église et dans la société. Toutefois a priori, on y remarque un vide théologique: l’absence de référence au rôle de Marie attesté dans la Constitution dogmatique Lumen Gentium, no. 60. Le renouveau ministériel selon le pape Paul VI est aussi absent.
2 : La deuxième partie de ma recherche se veut un essai de compréhension du féminin et de la féminité dans lla pensée de Hans Urs von Balthasar. Présentée selon l’ordre chronologique allemand, je ferai référence aux trois volumes du Domaine de la Métaphysique qui se situent entre les 3e et 7e volumes de la première partie de la trilogie : la Gloire et la Croix. Chacun des volumes sera étudié en regard de l’objectif de cette thèse. Avec Hans Urs von Balthasar, la trajectoire du féminin, de la féminité et la perception du rôle de la femme s’enracinent dans l’histoire et le mouvement de la pensée : de l’Antiquité à la révélation biblique et de la révélation biblique à la modernité. Malgré l’amplitude de la réflexion, une constante semble s’établir, soit la perception de la révélation de Dieu "à", "dans" et "par" l’Humanité du Verbe fait chair, Logos divin. Cela signifie l’intégration christologique et pneumatologique des femmes qui ont accompagné Jésus (évangile lucanienne). En ce lieu, la méthodologie de l’esthétique théologique permet de découvrir la "grille d’analyse" de l’œuvre balthasarienne par une attention soutenue au Dieu qui se révèle dans l’histoire de l’Humanité. La révélation du Dieu de l’Alliance authentifie la foi de la mère de Jésus, de ses frères et de ses sœurs (Mt 12, 49-40; cf. Ga. 3, 28; cf. Gn. 1,27). La mission "personnelle" de Marie, archétype de son esthétique théologique soutient l’évidence subjective et l’évidence objective de toute expérience de foi (ler volume): la perception du féminin et de la femme (Styles I-II), la "doctrine existentielle" de sainte Catherine de Sienne à laquelle n’aurait rien eu à ajouter saint Ignace de Loyola (le Domaine de la Métaphysique), l’intégration lucanienne des femmes à la vie de l’homme (vir), Jésus-Christ (Nouvelle Alliance). La Gloire et la Croix dévoile (apocalyptein) ce Dieu qui se révèle dans l’histoire de l’Humanité, en Jésus, le Christ (doxa grecque et kabôd hébraïque).
En introduction à cette deuxième partie, je soulignerai la rencontre déterminante de cet érudit avec une "femme mariée", médecin, pédiatre et mystique : Madame Adrienne von Speyr. Tel que le stipule le père Vincent Holtzer, « le texte balthasarien constitue un véritable plaidoyer contre la réduction du christianisme à un humanisme qui laisserait impensé le moment d’une venue de Dieu dans l’histoire: le Christ en sa personne concrète accomplit toute ontologie naturelle » (Le Dieu Trinité dans l’histoire 399). À cet égard, il devient fondamental de saisir comment le beau, point de départ en esthétique théologique balthasarienne, exprime le lieu où le Dieu qui se révèle à l’existence humaine personnelle manifeste déjà, sa propre visée théologique. Avec von Balthasar le féminin et la féminité ouvrent la quête du divin : cette présence de Dieu au cœur de tout être humain, au sein d’une Église formée de juifs et de païens (Ga 3, 28; cf. Gn 1, 27). C’est ainsi que la parole de son ami Karl Barth s’actualise : « c’est Dieu qui dans sa Parole devenue chair nous interprète et nous convie à l’assomption finale ». Dès lors, nous pourrons découvrir la "valeur d’intégration" que sous-tend cette "constellation christologique" primitive, lieu où la mission "personnelle" de Marie et les missions féminines de Marie de Magdala et de Marie de Béthanie sont intégrées à la "constellation christologique" de Pierre, Paul, Jean et Jacques (Dramatique divine). C’est ainsi que la visée théologique fondamentale de son Œuvre, révélée par la "réception" de la dimension trinitaire de l’ordination sacerdotale selon le Liber de Ordinatione du pape Paul VI, renouvelle les fondements de la théologie classique, lieu où Marie reçoit à la Croix johannique son attestation fondamentale pour le devenir de l’Église du Ressuscité, en conformité avec son analyse critique d’Inter Insigniores.
3. La troisième partie de ma thèse sera plus spécifiquement orientée vers la question de la femme prêtre selon le développement de sa pensée fondamentale émise dans sa trilogie. En ce lieu, j’analyserai les articles qui portent des prospectives d’avenir. Hans Urs von Balthasar ouvre la question du ministère sacerdotal. En ce lieu, l’”être-femme” Marie n’est absente. Chez von Balthasar, le féminin ou action contemplative active (philosophie) permet la question de la femme prêtre par le lien indissociable entre la philosophie (féminin), l’ecclésiologie (féminité), l’aspect psychosocial (inward du sacerdoce du Christ). Il sera alors possible de scruter la question de la haute dignité de la femme, lieu où la féminité devient symbole du peuple de Dieu et où Myriam-Marie devient le « symbole réel d’Israël » (News Elucidations, Women Priests?, p. 192). Nous découvrons alors l’insistance des co-auteurs envers ce qu’ils considèrent tous deux comme le noyau originel de l’Église du Christ : Marie et Jean, tous deux intégrés à la mission ministérielle de Pierre.
Une perception ministérielle nouvelle peut apparaître entre Marie et le Collège des Douze par l’intercommunion entre la pensée émise par les membres de la Commission Internationale de Théologie et la perception balthasarienne. En effet, si « le grand prêtre porte sur son pectoral douze pierreries avec les noms de douze fils d’Israël (Ex 28, 27-28), attestant par là qu’il prend sur lui les intérêts de la nation tout entière », comment ne pas établir le lien indissociable entre le rôle de Marie, symbole réel d’Israël chez Balthasar et le rôle fondamental des mères juives (matrilinéarité; Kidouchin 13,2), toujours porteur de la foi identitaire du peuple juif ? (Mt 5, 17; Ga 4, 4-7). Cela devient chez Hans Urs von Balthasar, l’acception pleine et entière de la "constellation christologique" primitive, dans le Fiat de la Croix, lieu de révélation de la mission christologique "personnelle" de Marie comme Mère et partie intégrante de l’Église visible du Christ Jésus et « à son ombre », des missions féminines de Marie de Magdala et de Marie de Béthanie, intégrées à la constellation christologique de Pierre, Paul, Jean et Jacques.
Remarques
Bien qu’une bibliographie de plus de 90 pages de littératures secondaires soit publiée, aucune d’entre elles n’étudie spécifiquement la question du rôle de la femme, du féminin, de la féminité dans l’histoire de l’humanité croyante selon Hans Urs von Balthasar. En ce sens, cette recherche constitue un apport à la science théologique, car elle démontre comment à partir des sources de la théologie classique dans l’accueil du sujet récepteur, celui-ci permet l’intégration de la doctrine ministérielle renoouvelée par le pape Paul VI (1971). Tout en tenant compte que le point de départ de la recherche contient en lui-même sa propre visée théologique, la reconnaissance de Madame Adrienne von Speyr comme co-auteure de son oeuvre par Hans Urs von Balthasar lui-même ouvre de nouveaux horizons. Par une vision englobante, aspect fondamental de l’esthétique théologique balthasarienne, l’être gracié est ainsi appelé à découvrir le lieu théologique de sa propre expérience et peut ainsi effectuer son dévoilement. La méthodologie balthasarienne conduit alors la chercheuse vers la visée théologique de sa propre expérience de foi, dans l’"ici-maintenant" d’une question en devenir. Pour ma part, afin de ne pas distraire l’analyse balthasarienne, elle vous est présentée en annexe, car je crois profondément qu’en ce lieu, un déjà-là est bien présent et il s’agit de le découvrir. Toutefois avant de développer mon argumentaire, j’effectuerai deux remarques :
1 : Dans cette thèse, je ne transformerai pas le féminin, la féminité, les relations hommes-femmes, en féminisant les citations par des ajouts. Tout au cours de l’analyse, la lectrice et le lecteur seront tout de même invités à percevoir cette ouverture à travers les récits.
2 : L’étude rédactionnelle fut effectuée en trois temps et j’ai dû limiter ma compréhension de l’auteur. Une première rédaction a permis de faire ressortir le rapport entre « la philosophie et la théologie ». Une seconde rédaction a permis de saisir « la révélation divine » à travers les âges. La rédaction finale a permis d’établir les « limites » de ma recherche par l’interrogation du “féminin, de la féminité et de la femme”, dans l’œuvre balthasarienne. Cette nouvelle voie a permis de découvrir l’indissociabilité entre l’expérience première vonspeyrienne et la visée théologique de la trilogie publiée en 17 volumes (la Gloire et la Croix, la Dramatique divine, la Théologique)
Analyse et prospectives à partir de la pensée de Hans Urs von Balthasar
.1: introduction
.2: titre et l’objectif
.3: choix de l’auteur
.4: problématique
.5: contextualité et les limites de la recherche
.6: hypothèse de recherche
.7: méthodologie
.8: plan de la recherche
.9: remarques
1. Introduction
Dans un temps de discernement ecclésial, la question de l’ordination de la femme considérée comme un obstacle à l’unité des Églises chrétiennes constitue l’orientation spécifique de ma recherche. À cet effet, il est intéressant de découvrir un maître à penser qui à travers son oeuvre et à l’intérieur de l’Église catholique romaine consacrait sa vie à justifier la mission “mariale” théologique et ecclésiale de Madame Adrienne von Speyr. Le théologien germaniste Hans Urs von Balthasar, Docteur en Lettres, reconnu par ses pairs comme « l’homme le plus cultivé de son temps marque une façon neuve d’aborder et de construire la théologie en l’enracinant dans l’histoire de la pensée et dans le mouvement de l’être humain vers Dieu » ( La Gloire et la Croix). « S’il y a de l’inédit dans la théologie de Balthasar c’est dû, en grande partie à cette source presque intarissable que lui offrait l’expérience spirituelle et mystique d’Adrienne von Speyr » (Mgr Peter Henrici )
Personnellement, cette recherche répond à deux attentes. Tout en offrant une attention à l’expérience de foi vécue, comme point de départ, source et soutien constant de mes recherches théologiques, cette quête permet de répondre à ma question fondamentale: pourquoi les femmes n’ont-elles pas accès au ministère sacerdotal ? N’y aurait-il pas un lieu qui justifierait une réouverture ecclésiale de la question? Après de nombreuses relectures de la déclaration Inter Insigniores, une des raisons indiquées retenait soudainement mon attention. Après avoir effectué « l’état de la question », cette remarque se lit comme suit:
Comme il s’agit là d’un débat sur lequel la théologie classique ne s’est guère attardée, l’argumentation actuelle risque de négliger des éléments essentiels. Pour ces raisons, en exécution d’un mandat qu’elle a reçu du Saint-Père et en écho à la déclaration que lui-même a faite dans sa lettre du 30 novembre 1975 (AAS 68/1976), la Congrégation pour la Doctrine de la Foi estime devoir rappeler que l’Église, par fidélité à l’exemple de son Seigneur, ne se considère pas autorisée à admettre les femmes à l’ordination sacerdotale, et elle croit opportun dans la “conjoncture actuelle” d’expliquer cette position de l’Église, qui sera peut-être ressentie douloureusement, mais dont la valeur positive apparaîtra à la longue, car elle pourrait aider à approfondir la mission respective de l’homme et de la femme. (I.I. par. 4-5).
C’est pourquoi l’analyse d’Inter Insigniores par Hans Urs von Balthasar, l’un des plus grands penseurs du 20e siècle (1905-1988), devient particulièrement intéressante. A priori, elle semble correspondre à la théologie mariale des fondateurs de communautés sacerdotales (17e siècle français). Toutefois, notre érudit comprend différemment la question: « en grande théologie classique, la dimension personnelle et existentielle n’est jamais absente. Une théologie non existentielle ne peut être digne de foi, car elle ne peut rien rendre vraiment visible » (GC-ESTH 509). Tel sera son leitmotiv dans son étude de la question de la femme-prêtre (cf. NE-WP 187-192). Soulignant la dimension trinitaire de la doctrine ministérielle en dernière analyse de sa trilogie (16/17 vol.), Von Balthasar indique le lieu théologique où nous conduit son oeuvre. Son oeuvre démontre l’importance de la co-auteure de son oeuvre: « la “christologie de l’Esprit-Saint” serait dû à l’intuition de Louis Bouyer qui, conduite à son terme par F.X.Durwel, fut clarifiée par Madame von Speyr (1902-1967). Et fait remarquable, von Balthasar participait en 1971 à la création du “document de travail”, présenté par la Commission Internationale de Théologie en première partie du Synode romain sur « le sacerdoce ministériel et la justice dans le monde ». De là l’importance de saisir le rôle véritable de Marie dans la vie du prêtre et de l’Église: « le fiat de Marie au Dieu, un et trine et les fonctions ecclésiales » (tr. in) À cet effet, que peut signifier la tradition ininterrompue? Et surtout, pourquoi celui-ci accorde-t-il une importance particulière aux « personnes théologiques » et à la « réponse de la femme » (DD-PD2 227-288).
2. Titre et objectif
Le titre tient en compte deux questions théologiques retenues en théologie du Nouveau Ministère selon la Nouvelle Alliance (“document de travail” du Synode des évêques 1971). Il est présenté sous la thématique suivante: La déclaration Inter Insigniores. Analyse et prospectives à partir de la pensée de Hans Urs von Balthasar. L’objectif fixé permet de fonder et de justifier la pertinence de la question posée dans cette étude, soit la quête des “éléments essentiels” pouvant justifier théologiquement la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel (Inter Insigniores, par. 4-5). En amont de la trilogie balthasarienne, la perception de Madame von Speyr qui, par sa formation de médecin, ne semble pas dissocier la conscience individuelle (Freud) de l’inconscient collectif (Jung). Au coeur de cette pensée vonspeyrienne, la dimension “priante” de la prêtrise de Marie (John IV), l’expression des vertus théologales se révélant “selon” la tradition des trois femmes (Three Women & the Lord), l’importance du rôle de Marie dans la vie du Christ et de l’Église (Marie dans la rédemption/1947). En aval, la dimension trinitaire de la mission de Jésus de Nazareth (Symposium romain 1985: La mission ecclésiale d’Adrienne von Speyr ). De l’élection à la mission jaillissent peu à peu les aspects esthétiques de la révélation biblique (La Gloire et la Croix). Chez von Balthasar, la reconnaissance de la personne est fondamentale: « la grâce d’apercevoir, dit-il, un aspect particulier de la vérité révélée qui était peut-être oubliée ou trop peu considérée par la moyenne de la communauté ecclésiale; dans tous les cas, ce n’est pas le ‘sujet particulier’ qui est visé, mais l’Église dans son ensemble et il s’agit d’une grâce accordée à l’individu, en fonction de “sa mission” ecclésiale. » (La Gloire et la Croix, vol. 1, p. 351). Personne théologique située au coeur de l’Action, la personne touchée par la grâce en permet le Dénouement. Ces titres de la trilogie révèlent l’intégration de la mission ecclésiale et théologique de Madame Adrienne von Speyr qui est explicitement nommée au dernier volume de La Dramatique divine (+de 40 vol. vonspeyriens). Pour Hans Urs von Balthasar, « que la révélation soit close, à la mort du dernier apôtre, ne peut pas signifier que l’action révélatrice de Dieu, le caractère d’événement de sa révélation, soit passée, et que seule soit possible une réflexion rétrospective qui élabore un donné achevé. » (La Gloire et la Croix, vol. 1, p. 346). Dès lors peuvent apparaître ces prospectives d’avenir par le tenir compte du sujet récepteur qu’elle soit femme mariée ou non.
3. Choix de l’auteur
Déterminer le choix d’un auteur particulier relève d’une affinité particulière. Sinon comment poursuivre des études pendant plus d’une décennie sur un sujet aussi délicat (2001-2007). Cette quête permet alors de comprendre et de situer comment une expérience spirituelle peut devenir prospectives d’avenir par la perception des véritables problématiques ecclésiales dans un temps particulier de l’histoire, si celle-ci est comprise dans sa véracité. Ayant déjà effectuée des recherches en spiritualité sacerdotale mariale (la spiritualité sacerdotale mariale chez saint Louis-Marie Grignion de Montfort au 17e siècle français), l’analyse critique balthasarienne d’Inter Insigniores m’interpella vivement, car ce dernier tenait compte de la tradition mariale et de sa possible réception. Cependant l’oeuvre commune était immense voire gigantesque. Six aspects suscitaient ce choix: (1) les perceptions, mariale et ecclésiologique de l’analyse balthasarienne d’ Inter Insigniores; (2) la perception du féminin, de la féminité et du rôle de la femme dans la trilogie balthasarienne ; (3) l’intégration de la dimension trinitaire de l’ordination sacerdotale selon le pape Paul VI dans sa Théologique; (4) la reconnaissance d’un auteur « autorisé » sur la question posée par Inter Insigniores; (5) la qualité de cet érudit: Premier prix scientifique Paul VI ; (6) ses articles sur la femme-prêtre. Toutefois, la question demeurait entière. En effet, comment citer la pensée d’un auteur particulier sans connaître les sources et le développement de sa pensée. Une question demeurait en suspend. Elle concernait le “pourquoi “et le “comment” de la chose: pourquoi Hans Urs von Balthasar avait-il entrepris une telle tâche (1961-1987), et surtout, comment présentait-il son argumentaire? Malgré l’ampleur de la tâche, l’oeuvre suscitait cette passion qui engendre et soutient l’aridité de la recherche. Dès lors, il faut noter que depuis ce temps et ce, malgré Ordinatio Sacerdotalis, la revue Communio réédite sa pensée : (1) 1995/Hans Urs von Balthasar - women priests? A Marian Church in a fatherless and motherless culture (cf.1979/ Neue Klarstellungen; cf. 1982/ News Elucidations, Women priests?) ; (2) 1996/Hans Urs von Balthasar – On the male priesthood. Bien que l’orientation diffère, l’article reprend l’intégralité de son analyse d’Inter Insigniores ; (3) 1996/Thoughts on the priesthood of women.
4. Problématique
Pour ce qui concerne la problématique, il est fondamental de noter le “point de départ” de l’« oeuvre commune ». Tout en se réfèrant aux diverses perceptions du “féminin” et de la “féminité” dans l’histoire de l’humanité (poésie, philosophie, théologie) et tel que voulu par la théologie classique: sacramentum ordinis et rôle de l’évêque; l’Église et la figure de Marie, les Écritures, les pères de l’Église, la métaphysique, la psychologie et la sociologie de l’homme et de la femme (Haye van der Meer, s.j.), le point de départ concerne essentiellement l’expérience vécue par la co-auteure de son oeuvre (appel de Dieu). Chez Adrienne, il s’agit du dévoilement (apolyptein) de l’expérience spirituelle de la “Mère et l’Enfant” perçue en vue de la fondation d’une communauté que tous deux sont appelés à fonder (Institut St-Jean, p. 43/T 1293). L’analyse d’Inter Insigniores tient compte de ces fondements: « En Marie, écrit von Balthasar, l’Église et - qu’on le remarque, l’Église parfaite est déjà une réalité bien avant qu’il y ait une fonction apostolique » (tr. in. 2). Ceci sera constant tout au long de son oeuvre. Von Balthasar insiste sur la compréhension du rôle de Marie, symbole “réel” d’Israël (NE-WP? 192). Dès lors, nous pouvons comprendre le questionnement d’Inter Insigniores. « peut-être est-il opportun de rappeler que les problèmes d’ecclésiologie et de théologie sacramentaire, surtout quand ils concernent le sacerdoce, comme c’est ici le cas, ne peuvent trouver leur solution qu’à la lumière de la Révélation. Les sciences humaines, si précieux que soit leur apport dans leur domaine, n’y peuvent suffire, car elles ne peuvent saisir les réalités de la la foi: le contenu proprement surnaturel de celles-ci échappe à leur compétence ». La problématique est théologique (I.I. par. 35). En ce lieu, on ne saurait dissocier spiritualité et théologie de la personne vivant l’Action de Dieu au sein de son existence.
5. Contextualité rédactionnelle et limites de la recherche
Toutefois, dans cette quête des fondements, il devient primordial de situer la contextualité rédactionnelle de la trilogie balthasarienne.
(1) Dans un premier temps, la trilogie fut publiée en version française entre 1965 et 1997, sous les thématiques suivantes: La Gloire et la Croix (8 vol.), la Dramatique divine (5 vol.), la Théologique (3 vol.) et l’Épilogue (1 vol.). Toutefois, si la rédaction balthasarienne débutait 40 ans plus tôt (1925), son herméneutique théologique provient essentiellement de sa rencontre et des écrits rédigés sous la direction de la mystique suisse, Madame Adrienne von Speyr (1940-1967).
(2) Pour ce qui concerne la publication de la trilogie, la chronologie scripturaire de son oeuvre fait apparaître des variantes. Au temps d’ Inter Insigniores, la version française ne contenait pas encore la traduction des volumes 4 à 6 de la version originale allemande. Or, ces volumes consacrés au Domaine de la Métaphysique ont une importance capitale pour quiconque désire comprendre son esthétique théologique. Cette esthétique théologique rompt avec la théologie traditionnelle des traités et des états (loci); elle ne dissocie pas la philosophie religieuse de la théologie de la révélation biblique (Épilogue, p. 5).
(3) De là, découle l’importance de retenir ces aspects lorsque le “vide de la théologie classique” sera énoncé. Quels sont ces éléments essentiels recherchés? À la période conciliaire, sous la direction de Karl Rahner, s.j., Haye von der Meer, s.j. ne plaidait-il pas en faveur de l’ordination de la femme au sacerdoce ministériel, à partir des critères de la théologie classique? Ces critères se définissent comme suit: sacramentum ordinis et le ministère de l’évêque (Pie XII), l’Église et la figure de Marie, les Écritures, les pères de l’Église et la Métaphysique (philosophie et psychologie de l’homme et de la femme).
(4) Devant la littérature abondante consacrée à son oeuvre, je limite ma recherche à cet auteur particulier qui me conduit vers le “renouveau doctrinal” du pape Paul VI et dont Madame Adrienne von Speyr en facilitait la compréhension, avant sa mort en 1967(La Théologique, Esprit de Vérité, p. 51). De là l’importance accordée à « l’oeuvre commune » de ces géants contemporains.
6. Hypothèse de la recherche
Tout au cours de la recherche, l’hypothèse retenue au début de ma recherche fut appelée à répondre aux attentes mentionnées en introduction de la Déclaration Inter Insigniores, soit la quête des “éléments essentiels” généralement proposés par la théologie classique. Or en ce temps spécifique de l’histoire, le pape Paul VI renouvelle la doctrine ministérielle (1968). Dès lors, la question des fondements du ministère sacerdotal demande non plus uniquement l’intégration de la doctrine ministérielle du pape Pie XII (sacramentum ordinis), mais aussi la réception de la doctrine trinitaire ministérielle du pape Paul VI (liber de ordinatione ). Cela signifie tenir ensemble la christologie et la pneumatologie ( La Théologique, l’Esprit de Vérité et le Liber de Ordinatione,, p. 338, note 65.) La trilogie balthasarienne permet de comprendre cette quête des “éléments essentiels” pouvant favoriser l’acception des femmes dans le ministère sacerdotal, non seulement sous la dimension trinitaire (christologie, ecclésiologie), mais par une perception nouvelle du rôle de Marie dans la vie du Christ et de l’Église (GC-NA 306. 414 .420; cf. L.G. no 60)
CONSIDÉRANT:
1: l’intervention de l’épiscopat canadien comme ouverture envers les « nouveaux ministères féminins » lors du Synode des évêques sur le sacerdoce ministériel et la justice dans le monde (1971);
2: l’intégration au “document de travail” de Marie et de Marie de Magda dans “service eschatologique” et en “spiritualité du prêtre” (1971);
3: la nécessaire authentification par l’évêque de l’Appel de Dieu aux femmes d’aujourd’hui (I.I.par. 38)
IL EST POSSIBLE DE SOUTENIR QUE:
1: l’insertion du renouveau ministériel doctrinal dans la trilogie balthasarienne justifie le titre et l’objectif de cette recherche théologique;
2: Hans Urs von Balthasar permet de saisir la visée théologique d’un appel “personnel” par cette méthodologie de l’esthétique théologique présente dans l’ensemble de son oeuvre;
3: la mission “personnelle” de Marie et les missions féminines telles que proposées dans l’« oeuvre‘ commune » de Hans Urs von Balthasar et de Madame Adrienne von Speyr justifient pleinement la question posée par Inter Insigniores
7. Méthodologie
Afin de discerner et saisir le cheminement particulier qui a conduit vers une prise-de-position envers la ‘possible’ admission des femmes au sacerdoce ministériel tout en respectant les prospectives d’avenir selon les critères de la théologie classique, je formulerai mon argumentaire selon la méthodologie suivante: discerner - répertorier - reconstruire - accueillir:
1. Discerner le matériel balthasrien et vonspeyrien favorisant une compréhension plus profonde de la trilogie balthasarienne ;
2. Répertorier les volumes provenant d’une littérature secondaire publiée sur l’oeuvre d’Hans Urs von Balthasar ;
3 Reconstruire l’oeuvre littéraire selon la publication originale allemande disponible au temps d’Inter Insigniores (intégration de sa Métaphysique);
4. Accueillir les récits scripturaires du sujet récepteur comme prospectives d’avenir offerte“en” notre temps et “pour” notre temps (Dramatique divine et Théologique)
Toutefois la présentation de la pensée de Hans Urs von Balthasar obligeait un certain discernement suite aux multiples recensions, monographies, dissertations ou thèses publiées sur les diverses facettes de son œuvre (+91 pages). Parmi eux, il fut possible de répertorier 50 études françaises. Cependant, l’objectif de ma thèse ne concerne qu’une infime partie d’entre elles. C’est pourquoi, le "matériel" retenu provient plus spécifiquement de la trilogie balthasarienne et de l’oeuvre scripturaire de Madame Adrienne von Speyr. À cet égard, bien que le corpus de ma thèse provient de la traduction française de sa trilogie, ma grille d’analyse est proposée selon la version originale allemande et non selon la chronologie de la publication française. Cela signifie que ma relecture de La Gloire et la Croix tient compte des trois volumes du Domaine de la Métaphysique insérés entre les volumes Styles II et l’Ancienne Alliance. Pour ce qui concerne la Dramatique Divine, la Théologique et l’Épilogue, j’ai suivi l’ordre de présentation française car tous deux sont identiques. À cela, j’ai ajouté plus de 40 volumes de Hans Urs von Balthasar.
8. Plan de la recherche
Désirant atteindre l’objectif fixé qui est celui de rendre perceptible cette quête des fondements à partir de la pensée d’Hans Urs von Balthasar tout en percevant aussi la pensée d’Adrienne von Speyr inscrite en elle, mon plan de travail est réparti en trois parties, selon la présentation de la trilogie balthasarienne : La Gloire et la Croix, la Dramatique divine, la Théologique suivies de l’Épilogue.
1 : La première partie présente les prolégomènes nécessaires à l’étude de la question posée par Inter Insigniores : l’admission des femmes au sacerdoce ministériel. Il s’agit de situer la contextualité de la Déclaration et en même temps de comprendre l’apport fondamental des auteurs choisis. Cela signifie qu’il est fondamental de comprendre pourquoi et comment Hans Urs von Balthasar accueille et intègre la pensée du sujet récepteur, en l’occurence Madame Adrienne von Speyr. Dans un premier temps, je présente les documents pontificaux Mater et Magistra, Pacem in Terris qui seront suivis de la Constitution pastorale Gaudium et Spes. À cela, j’insère la pensée des divers représentants des commissions qui se sont exprimés sur le sujet : conférences épiscopales ou congrégations des supérieurs généraux. Un deuxième temps suscite l’attention car il s’agit du "document de travail" du Synode des évêques sur le sacerdoce ministériel et la justice sociale. Le père Hans Urs von Balthasar participait à sa création au sein de la Commission Internationale de Théologique. En ce lieu, un premier argument biblique met en relief le rôle de la Femme. Du service eschatologique du ministère sacerdotal à la spiritualité du prêtre, ces premiers jalons transforment l’horizon lorsqu’on inscrit le rôle impératif de Marie de Magdala (Jn 20, 18 ss.). Un troisième temps fait référence à la Commission pontificale sur la Femme dans la vie de l’Église et dans la société. Toutefois a priori, on y remarque un vide théologique: l’absence de référence au rôle de Marie attesté dans la Constitution dogmatique Lumen Gentium, no. 60. Le renouveau ministériel selon le pape Paul VI est aussi absent.
2 : La deuxième partie de ma recherche se veut un essai de compréhension du féminin et de la féminité dans lla pensée de Hans Urs von Balthasar. Présentée selon l’ordre chronologique allemand, je ferai référence aux trois volumes du Domaine de la Métaphysique qui se situent entre les 3e et 7e volumes de la première partie de la trilogie : la Gloire et la Croix. Chacun des volumes sera étudié en regard de l’objectif de cette thèse. Avec Hans Urs von Balthasar, la trajectoire du féminin, de la féminité et la perception du rôle de la femme s’enracinent dans l’histoire et le mouvement de la pensée : de l’Antiquité à la révélation biblique et de la révélation biblique à la modernité. Malgré l’amplitude de la réflexion, une constante semble s’établir, soit la perception de la révélation de Dieu "à", "dans" et "par" l’Humanité du Verbe fait chair, Logos divin. Cela signifie l’intégration christologique et pneumatologique des femmes qui ont accompagné Jésus (évangile lucanienne). En ce lieu, la méthodologie de l’esthétique théologique permet de découvrir la "grille d’analyse" de l’œuvre balthasarienne par une attention soutenue au Dieu qui se révèle dans l’histoire de l’Humanité. La révélation du Dieu de l’Alliance authentifie la foi de la mère de Jésus, de ses frères et de ses sœurs (Mt 12, 49-40; cf. Ga. 3, 28; cf. Gn. 1,27). La mission "personnelle" de Marie, archétype de son esthétique théologique soutient l’évidence subjective et l’évidence objective de toute expérience de foi (ler volume): la perception du féminin et de la femme (Styles I-II), la "doctrine existentielle" de sainte Catherine de Sienne à laquelle n’aurait rien eu à ajouter saint Ignace de Loyola (le Domaine de la Métaphysique), l’intégration lucanienne des femmes à la vie de l’homme (vir), Jésus-Christ (Nouvelle Alliance). La Gloire et la Croix dévoile (apocalyptein) ce Dieu qui se révèle dans l’histoire de l’Humanité, en Jésus, le Christ (doxa grecque et kabôd hébraïque).
En introduction à cette deuxième partie, je soulignerai la rencontre déterminante de cet érudit avec une "femme mariée", médecin, pédiatre et mystique : Madame Adrienne von Speyr. Tel que le stipule le père Vincent Holtzer, « le texte balthasarien constitue un véritable plaidoyer contre la réduction du christianisme à un humanisme qui laisserait impensé le moment d’une venue de Dieu dans l’histoire: le Christ en sa personne concrète accomplit toute ontologie naturelle » (Le Dieu Trinité dans l’histoire 399). À cet égard, il devient fondamental de saisir comment le beau, point de départ en esthétique théologique balthasarienne, exprime le lieu où le Dieu qui se révèle à l’existence humaine personnelle manifeste déjà, sa propre visée théologique. Avec von Balthasar le féminin et la féminité ouvrent la quête du divin : cette présence de Dieu au cœur de tout être humain, au sein d’une Église formée de juifs et de païens (Ga 3, 28; cf. Gn 1, 27). C’est ainsi que la parole de son ami Karl Barth s’actualise : « c’est Dieu qui dans sa Parole devenue chair nous interprète et nous convie à l’assomption finale ». Dès lors, nous pourrons découvrir la "valeur d’intégration" que sous-tend cette "constellation christologique" primitive, lieu où la mission "personnelle" de Marie et les missions féminines de Marie de Magdala et de Marie de Béthanie sont intégrées à la "constellation christologique" de Pierre, Paul, Jean et Jacques (Dramatique divine). C’est ainsi que la visée théologique fondamentale de son Œuvre, révélée par la "réception" de la dimension trinitaire de l’ordination sacerdotale selon le Liber de Ordinatione du pape Paul VI, renouvelle les fondements de la théologie classique, lieu où Marie reçoit à la Croix johannique son attestation fondamentale pour le devenir de l’Église du Ressuscité, en conformité avec son analyse critique d’Inter Insigniores.
3. La troisième partie de ma thèse sera plus spécifiquement orientée vers la question de la femme prêtre selon le développement de sa pensée fondamentale émise dans sa trilogie. En ce lieu, j’analyserai les articles qui portent des prospectives d’avenir. Hans Urs von Balthasar ouvre la question du ministère sacerdotal. En ce lieu, l’”être-femme” Marie n’est absente. Chez von Balthasar, le féminin ou action contemplative active (philosophie) permet la question de la femme prêtre par le lien indissociable entre la philosophie (féminin), l’ecclésiologie (féminité), l’aspect psychosocial (inward du sacerdoce du Christ). Il sera alors possible de scruter la question de la haute dignité de la femme, lieu où la féminité devient symbole du peuple de Dieu et où Myriam-Marie devient le « symbole réel d’Israël » (News Elucidations, Women Priests?, p. 192). Nous découvrons alors l’insistance des co-auteurs envers ce qu’ils considèrent tous deux comme le noyau originel de l’Église du Christ : Marie et Jean, tous deux intégrés à la mission ministérielle de Pierre.
Une perception ministérielle nouvelle peut apparaître entre Marie et le Collège des Douze par l’intercommunion entre la pensée émise par les membres de la Commission Internationale de Théologie et la perception balthasarienne. En effet, si « le grand prêtre porte sur son pectoral douze pierreries avec les noms de douze fils d’Israël (Ex 28, 27-28), attestant par là qu’il prend sur lui les intérêts de la nation tout entière », comment ne pas établir le lien indissociable entre le rôle de Marie, symbole réel d’Israël chez Balthasar et le rôle fondamental des mères juives (matrilinéarité; Kidouchin 13,2), toujours porteur de la foi identitaire du peuple juif ? (Mt 5, 17; Ga 4, 4-7). Cela devient chez Hans Urs von Balthasar, l’acception pleine et entière de la "constellation christologique" primitive, dans le Fiat de la Croix, lieu de révélation de la mission christologique "personnelle" de Marie comme Mère et partie intégrante de l’Église visible du Christ Jésus et « à son ombre », des missions féminines de Marie de Magdala et de Marie de Béthanie, intégrées à la constellation christologique de Pierre, Paul, Jean et Jacques.
Remarques
Bien qu’une bibliographie de plus de 90 pages de littératures secondaires soit publiée, aucune d’entre elles n’étudie spécifiquement la question du rôle de la femme, du féminin, de la féminité dans l’histoire de l’humanité croyante selon Hans Urs von Balthasar. En ce sens, cette recherche constitue un apport à la science théologique, car elle démontre comment à partir des sources de la théologie classique dans l’accueil du sujet récepteur, celui-ci permet l’intégration de la doctrine ministérielle renoouvelée par le pape Paul VI (1971). Tout en tenant compte que le point de départ de la recherche contient en lui-même sa propre visée théologique, la reconnaissance de Madame Adrienne von Speyr comme co-auteure de son oeuvre par Hans Urs von Balthasar lui-même ouvre de nouveaux horizons. Par une vision englobante, aspect fondamental de l’esthétique théologique balthasarienne, l’être gracié est ainsi appelé à découvrir le lieu théologique de sa propre expérience et peut ainsi effectuer son dévoilement. La méthodologie balthasarienne conduit alors la chercheuse vers la visée théologique de sa propre expérience de foi, dans l’"ici-maintenant" d’une question en devenir. Pour ma part, afin de ne pas distraire l’analyse balthasarienne, elle vous est présentée en annexe, car je crois profondément qu’en ce lieu, un déjà-là est bien présent et il s’agit de le découvrir. Toutefois avant de développer mon argumentaire, j’effectuerai deux remarques :
1 : Dans cette thèse, je ne transformerai pas le féminin, la féminité, les relations hommes-femmes, en féminisant les citations par des ajouts. Tout au cours de l’analyse, la lectrice et le lecteur seront tout de même invités à percevoir cette ouverture à travers les récits.
2 : L’étude rédactionnelle fut effectuée en trois temps et j’ai dû limiter ma compréhension de l’auteur. Une première rédaction a permis de faire ressortir le rapport entre « la philosophie et la théologie ». Une seconde rédaction a permis de saisir « la révélation divine » à travers les âges. La rédaction finale a permis d’établir les « limites » de ma recherche par l’interrogation du “féminin, de la féminité et de la femme”, dans l’œuvre balthasarienne. Cette nouvelle voie a permis de découvrir l’indissociabilité entre l’expérience première vonspeyrienne et la visée théologique de la trilogie publiée en 17 volumes (la Gloire et la Croix, la Dramatique divine, la Théologique)