- V -
Dans cette cinquième partie apparaît une nouveauté non inscrite dans l'édition papier de mon volume. Cette nouveauté présente des voies possibles d'unité sur la question des ministères féminins au sein de la tradition catholique romaine et la tradition orthodoxe par une réflexion sur le rôle de Marie-Madeleine, l'Apôtre des apôtres (Orient) et l'apôtre égale aux apôtres (Orient).
LES TRADITIONS CATHOLIQUE ROMAINE ET LES TRADITIONS ORTHODOXE
« sainte Marie Madeleine »
fêtes liturgiques: 22 juillet Occident /4 août Orient
- I -
Sainte MARIE-MADELEINE 2020: Au coeur d'une transformation féminine
d'après la pensée historique du patriarche MODESTE de Jérusalem
premier écrivain à écrire sur la vie de sainte Marie-Madeleine
dont le corps du patriarche repose en la basilique du PATER NOTER
et selon le texte officiel de la tradition orthodoxe ( 1938 ) .
1938 Saint MODESTE patriarche de Jérusalem
1: La première description intégrale de la vie et de la mort de Marie Madeleine à Éphèse nous vient de MODESTE, patriarche de Jérusalem de 630 à 634, mort à Sozos le 17 décembre (Wikipedia Modeste de Jérusalem + Wikipedia son corps repose à l'Église du Pater Noster, Jérusalem. Sa fête aurait été célébrée en ce jour du 17 décembre. Modeste écrivit: « Après la mort de notre Seigneur, la Mère de Dieu et Marie Madeleine rejoignirent Jean, le bien-aimé disciple, à Éphèse. C'est là que la myrrhophore termina sa carrière apostolique par son martyre, ne souhaitant pas à la fin être séparée de l'apôtre Jean ni de la Vierge ». Le terme « myrrhophore » dans ce passage se réfère directement à Marie Madeleine. Le patriarche MODESTE croyait aussi qu'elle était devenue la « chef des disciples féminines ». (cf. la vision orthodoxe orientale de Marie-Madeleine dans Marie Madeleine, secrets et histoire, Karen Ralls, Alexian Limited, imprimé en Chine, 2008, pp.106-109; ch 8, pp. 140 et ss. + bibliographie pp.186-189) ; ( 17 décembre, anniversaire de naissance de S.S. le pape François et anniversaire de naissance de feue ma collègue Liliane, toutes deux animatrices de pastorale au secondaire, Cité des Jeunes, Vaudreuil-Dorion, QC. CA.)
Le SYNAXAIRE ou VIE DES SAINTES ET DES SAINTS:
2: La tradition orthodoxe: C'est le tsar Alexandre III qui fit l'acquisition d'un terrain près du Jardin des Oliviers à Gethsémani dans lequel Jésus avait l'habitude de venir avec ses Apôtres chaque fois qu'il se rendait à Jérusalem. Il y fit construire une église dédiée à "sainte Marie-Madeleine Egale-aux- Apôtres", disciple du Sauveur qui le suivit fidèlement et à laquelle fut donné d'annoncer la Résurrection aux Apôtres. Premier témoin de la Résurrection et première évangélisatrice dont la tradition précise en outre qu'après l'Ascension du Seigneur, Marie-Madeleine se rendit à Rome afin de rencontrer Tibère et lui offrir un œuf qui devint rouge-sang lorsque celle-ci s'exclama : "Christ est ressuscité ! ". Les orthodoxes, comme la plupart des chrétiens d'Orient, ignorent l'identification de Marie-Madeleine à Marie de Béthanie et à la femme pècheresse de saint Luc.
3: Fête liturgique: 22 juillet (Occident) et 4 août (Orient): Marie-Madeleine est fêtée par les orthodoxes (principale communauté chrétienne de Terre sainte) le 4 août. Deux lieux principaux célèbrent la "Mémoire de la sainte myrophore égale-aux-Apôtres Marie-Madeleine" à Jérusalem : l'église du Saint-Sépulcre (pour les grecs), et l'église Sainte-Marie-Madeleine à Gethsémani (pour les russes) reconnaissable entre toutes grâces à ses magnifiques bulbes dorés surplombant la vallée du Cédron (cf. les femmes myrophores sur le site web de la paroisse Orthodoxe de la Sainte Trinité, Québec, 15 mai 2016).
4: Tradition occidentale et orientale:
Il est également constant que les orientaux n'ont jamais nié la venue de Marie-Madeleine en Occident (à Rome pour rencontrer Tibère ou à Marseille) mais, alors que la Tradition Provençale la retenait à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin, la Tradition Orientale lui faisait poursuivre son périple et son œuvre d'évangélisation jusqu'à Éphèse.
5: Synaxaire : cantique à MARIE-MADELEINE, sainte et égale aux Apôtres:
« Réjouis-toi, ô Marie-Magdeleine, sainte et égale aux Apôtres, toi qui as su aimer le doux Seigneur Jésus par-dessus tous les biens.»
(1938 le synaxaire présente cette strophe plus de 13 fois)
KONTAKION XIII
Ô toi, ornement très admirable et très merveilleux des femmes, louange et joie de tous les chrétiens, toi qui t'es révélée égale aux Apôtres, Marie-Magdeleine, glorieuse myrophore ! En recevant de nous aujourd'hui cette prière, délivre-nous de toute peine et affliction d'âme et de corps, et de tous les ennemis visibles et invisibles qui nous assaillent, et conduis-nous, tous, par tes intercessions, vers le Royaume céleste, nous qui en ton nom chantons à Dieu, avec tendresse de cœur et avec amour : Alléluia.
-II-
SAINTE MARIE-MADELEINE chez le père Marie-Joseph Lagrange
FONDATION DE L'ÉCOLE BIBLIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE JÉRUSALEM
Vocation et oeuvre du père Marie-Joseph Lagrange
Dans cette partie, j’aimerais souligner comment mes premières recherches en théologie m'ont conduite vers la question traitée dans ce volume: Ami.e.s et Apôtres. Nouveau regard de foi pour l'unité visible entre l'Orient et l'Occident. Il y a quelques jours, une parole de l'un de mes professeurs de la Faculté de théologie de l'Université de Montréal me revint à la mémoire: « Moi, ce sont les patriarches ». N'étant pas bibliste, ni exégète, ni archéologue, Je recherchai alors s'il n'y aurait pas une étude sur les Patriarches effectuée par ledit professeur. Et oui, des études avaient effectivement été réalisées. Cette pensée, je la dois à la re-vente récente d'un volume de la collection Lectio Divina, soit le Collectif dirigé par Guy Couturier: Les Patriarches et l’Histoire, publié aux éditions du Cerf et Fides, 1998, 337 p. (cf. volume reçu, 4 septembre 2020).
Auparavant, j'aimerais rendre hommage à ce professeur qui m'encourageait dans la poursuite de mes intérêts personnels, soit la compréhension du Traité de la Vraie Dévotion à la sainte Vierge chez saint Louis-Marie Grignion de Montfort, dévotion qui me venait de mon enfance et qui suscitait mon questionnement. J'exerçais alors un engagement pastoral et administratif dans une paroisse qui était dirigée par les pères montfortains. J'y présentais aussi le 'chapelet médité' à partir dudit traité.
Toutefois, fidèle à mes expériences spirituelles vécues, j’aimerais relater les évènements qui m'ont permise de poursuivre ma quête théologique. Lors des cours d'un des professeurs de la Faculté présentant « les prophètes pré-exiliques » , un évènement particulier m'interpella. L’un de mes fils Benoit étudiant à Polytechnique était ami avec Issa, l’un de ses confrères de cours. Il découvrait alors que ce dernier était le fils « adoptif » du professeur cité, le père Guy Couturier, c.s.c. Suite à ma demande de rencontre, J’osais lui présenter timidement mon expérience de foi. Le texte de l'évangile du jour du dimanche précédant la rencontre était particulièrement interpellant : le Temple construit en 46 ans (1985). À cet effet, le père Couturier accueillait non seulement mon expérience de foi, mais aussi mes intérêts spirituels. Il me conseillait de poursuivre cette quête de compréhension du Traité de la vraie dévotion. Peu à peu, je saisissais l'importance de l'histoire religieuse des peuples. Ma thèse de maîtrise portait la question de la spiritualité sacerdotale au 17e siècle français chez saint Louis-Marie Grignion de Montfort, ses prédécesseurs et ses contemporains, l’École française de spiritualité. À cet effet si, a priori le traité était considéré comme traité populaire, il devint au cours de la recherche, traité théologique liturgique. La nouveauté proposée dans cette 'thèse' me conduisait alors vers le couple de l'Alliance, Marie et Joseph, qui ensemble confirmaient le nom de l'enfant (Mt 1,21; Lc 1,31). Au nom de Jésus, le couple de l'Alliance nouvelle s'engageait avec amour selon l'Appel reçu (M.A. en théologie, U de M, 1990).
Or, à la lecture du livre cité ci-haut mentionné, je remarquais qu'en cette année 1990 le père Couturier dirigeait le Collectif extrait du Colloque soulignant le 100e anniversaire de l’École biblique et archéologique de Jérusalem fondée par le père Marie-Joseph Lagrange, dont le récit vocationnel rappelle l’importance de sainte Marie-Madeleine, dans son appel au ministère sacerdotal. Le père Lagrange est le fondateur de cette école biblique et archéologique. Dans sa biographie, on remarque ce qui suit:
Au jour de l'anniversaire de la sainte, le père Lagrange écrivait à un ami: ' Il me vient, dit-il, des idées de religiosité'. (...) Le 8 septembre, j'étais à saint Maximin, le soir à la Sainte Baume. J'étais ravi. [Cependant] entrer dans un Ordre dont les saints ont été si purs m'effrayait. Sainte Marie-Madeleine, dit-il, m'encourageait doucement. (...) » ( cf. Margo Gravel-Provencher, Agathe de St-Perre, propriétaire du Domaine de la Présentation (1685-1691). Un Acte d'échange à redécouvrir « Aux sources d'une cité et de la spiritualité qui l' vu naître comme lieu d'interpellation », AGGÉE, 2e édition, 2017, pp. 111-114); cf. Bernard Montagnes, Marie-Joseph Lagrange, une biographie critique, Cerf, 2004, p. 84).
Afin de compléter ces dernières observations théologiques sur les différentes perceptions du rôle de Marie-Madeleine en spiritualité et repris dans l'analyse critique de la Bible dans un regard de foi tourné vers la Résurrection du Christ Jésus, il nous est possible de nous ouvrir d'une façon nouvelle à cette perception de notre histoire religieuse: l’Apôtre des apôtres (Occident) et l’apôtre égale aux apôtres et cheffe des disciples féminines chez les Patriarches (Orient). Nous pouvons saisir alors l’importance de la tradition « religieuse » non plus uniquement en spiritualité sacerdotale ministérielle bien que l'impératif et la promesse de la spiritualité du prêtre par Hans Urs von Balthasar s'y réfère en Jn 20, 18 ss. cf. C.I.T.: Le ministère sacerdotal, la spiritualité du prêtre, pp. 116, 1971, Cerf), mais aussi dans la méthode historico-critique initié par le père Lagrange et ses disciples. On découvre alors chez le père Marie-Joseph Lagrange l’importance de l’expérience de foi : des peuples ou des personnes, dans toute analyse critique d’un temps particulier de l'histoire, de l'histoire « religieuse », telle que présentée dans le corpus scripturaire. La préface du Collectif présentée par le père Michel Gourges, o.p. décrit comme suit le centre de son analyse: « l'histoire proprement dite, le milieu social, les incidences juridiques, la religion ». Toutefois, un évènement particulier permettait ce colloque, tenu lors du 100e anniversaire de la Fondation de l'École biblique et archéologique de Jérusalem. Un déplacement était effectué par le passage de la Nouvelle à la première Alliance. On présentait alors une lettre qui jusqu'à ce jour n'avait pas été présentée, la lettre inédite du père Lagrange soulignant l’importance d’un tenir compte de l'histoire religieuse dans l'étude critique des récits scripturaires:
« Dans un contexte exégétique piégé, affirme le père Michel Gourges, o.p., le fondateur de l'École Biblique se délimite ce que nous appellerions aujourd'hui un espace sémantique mitoyen. Il cherche un passage étroit entre les escarpements de l'école mythique et ceux des hypothèses welhausiennes et gunkeliennes. Ce passage, il le nommera tradition religieuse historique sous une forme populaire. Cela permettra d'insérer cette tradition dans un contexte historique réel, tout en tenant compte du fonctionnement de la mémoire populaire et des habitudes narratives de l'époque. La tradition populaire, orale à l'origine, surdétermine religieusement des souvenirs historiques plus ou moins flous mais déjà reliés au patrimoine religieux et confessés comme événements fondateurs de l'expérience croyante d'israël. » ( Les patriarches et l'histoire, préface, p. 9).
Sensible et particulièrement attentive à cette perception qui, dans mes recherches, m'ont conduite vers une analyse théologique de la « spiritualité sacerdotale ministérielle » du Traité de la Vraie Dévotion à la nouveauté énoncée envers le couple de l'Alliance, Marie et Joseph, les diverses études qui ont suivi permettent, aujourd'hui et maintenant, près 30 ans plus tard, vers la présentation du présent volume pour une compréhension plus en profondeur de mon expérience de foi présentée dans ce complément à mes recherches théologiques précédentes : Ami.e.s et apôtres. Nouveau regard de foi pour l’unité visible entre l’Orient et l’Occident (2019), en complément avec les deux livres qui l'ont précédé: La Déclaration Inter Insigniores. Analyse et prospectives à partir de la pensée de Hans Urs von Balthasar, 341 p. (2007) ; Agathe de St-Perre Propriétaire du Domaine de la Présentation (1685-1691). Un Acte d'échange à redécouvrir: « aux sources d'une cité et de la spiritualité qui l'a vu naître comme lieu d'interpellation », 148 p. ( 2e éd. 2017).
Puisse la poursuite de la recherche envers les ministères féminins offrir de nouveaux horizons par une introduction aux prochaines rubriques sur les divers ministères exercés par des femme !
Mise à jour 11 septembre 2020
____________________________________
NDLR: NOUVEAUTÉ de la 5e partie: Août 2020
22 juillet et 4 août 2020. Une année se sera écoulée lorsque je serai attirée par le volume Marie-Madeleine, secrets et histoire de Karen Ralls ( éd. Evergreen 2008) . J'y découvrirai alors le rôle premier de S.S. LE PATRIARCHE MODESTE présentant MARIE-MADELEINE comme « cheffe des disciples féminines » et apôtre-égale-aux-apôtres. Le synaxaire de 1938 scelle cette perception et devient, selon ma perception, ouverture à l'Unité visible entre l'Orient et l'Occident par la reconnaissance des « disciples féminines » d'après la tradition catholique romaine et le synaxaire de la tradition orthodoxe envers sainte MARIE-MADELEINE la « myrrophore », tel que cité dans cette étude théologique et ministérielle.
Mise à jour: 15 août 2020
En la fête liturgique de l'Assomption de la Vierge Marie.
Margo Gravel-Provencher, théologienne
Dorval, QC H9S 2X9
1: La première description intégrale de la vie et de la mort de Marie Madeleine à Éphèse nous vient de MODESTE, patriarche de Jérusalem de 630 à 634, mort à Sozos le 17 décembre (Wikipedia Modeste de Jérusalem + Wikipedia son corps repose à l'Église du Pater Noster, Jérusalem. Sa fête aurait été célébrée en ce jour du 17 décembre. Modeste écrivit: « Après la mort de notre Seigneur, la Mère de Dieu et Marie Madeleine rejoignirent Jean, le bien-aimé disciple, à Éphèse. C'est là que la myrrhophore termina sa carrière apostolique par son martyre, ne souhaitant pas à la fin être séparée de l'apôtre Jean ni de la Vierge ». Le terme « myrrhophore » dans ce passage se réfère directement à Marie Madeleine. Le patriarche MODESTE croyait aussi qu'elle était devenue la « chef des disciples féminines ». (cf. la vision orthodoxe orientale de Marie-Madeleine dans Marie Madeleine, secrets et histoire, Karen Ralls, Alexian Limited, imprimé en Chine, 2008, pp.106-109; ch 8, pp. 140 et ss. + bibliographie pp.186-189) ; ( 17 décembre, anniversaire de naissance de S.S. le pape François et anniversaire de naissance de feue ma collègue Liliane, toutes deux animatrices de pastorale au secondaire, Cité des Jeunes, Vaudreuil-Dorion, QC. CA.)
Le SYNAXAIRE ou VIE DES SAINTES ET DES SAINTS:
2: La tradition orthodoxe: C'est le tsar Alexandre III qui fit l'acquisition d'un terrain près du Jardin des Oliviers à Gethsémani dans lequel Jésus avait l'habitude de venir avec ses Apôtres chaque fois qu'il se rendait à Jérusalem. Il y fit construire une église dédiée à "sainte Marie-Madeleine Egale-aux- Apôtres", disciple du Sauveur qui le suivit fidèlement et à laquelle fut donné d'annoncer la Résurrection aux Apôtres. Premier témoin de la Résurrection et première évangélisatrice dont la tradition précise en outre qu'après l'Ascension du Seigneur, Marie-Madeleine se rendit à Rome afin de rencontrer Tibère et lui offrir un œuf qui devint rouge-sang lorsque celle-ci s'exclama : "Christ est ressuscité ! ". Les orthodoxes, comme la plupart des chrétiens d'Orient, ignorent l'identification de Marie-Madeleine à Marie de Béthanie et à la femme pècheresse de saint Luc.
3: Fête liturgique: 22 juillet (Occident) et 4 août (Orient): Marie-Madeleine est fêtée par les orthodoxes (principale communauté chrétienne de Terre sainte) le 4 août. Deux lieux principaux célèbrent la "Mémoire de la sainte myrophore égale-aux-Apôtres Marie-Madeleine" à Jérusalem : l'église du Saint-Sépulcre (pour les grecs), et l'église Sainte-Marie-Madeleine à Gethsémani (pour les russes) reconnaissable entre toutes grâces à ses magnifiques bulbes dorés surplombant la vallée du Cédron (cf. les femmes myrophores sur le site web de la paroisse Orthodoxe de la Sainte Trinité, Québec, 15 mai 2016).
4: Tradition occidentale et orientale:
Il est également constant que les orientaux n'ont jamais nié la venue de Marie-Madeleine en Occident (à Rome pour rencontrer Tibère ou à Marseille) mais, alors que la Tradition Provençale la retenait à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin, la Tradition Orientale lui faisait poursuivre son périple et son œuvre d'évangélisation jusqu'à Éphèse.
5: Synaxaire : cantique à MARIE-MADELEINE, sainte et égale aux Apôtres:
« Réjouis-toi, ô Marie-Magdeleine, sainte et égale aux Apôtres, toi qui as su aimer le doux Seigneur Jésus par-dessus tous les biens.»
(1938 le synaxaire présente cette strophe plus de 13 fois)
KONTAKION XIII
Ô toi, ornement très admirable et très merveilleux des femmes, louange et joie de tous les chrétiens, toi qui t'es révélée égale aux Apôtres, Marie-Magdeleine, glorieuse myrophore ! En recevant de nous aujourd'hui cette prière, délivre-nous de toute peine et affliction d'âme et de corps, et de tous les ennemis visibles et invisibles qui nous assaillent, et conduis-nous, tous, par tes intercessions, vers le Royaume céleste, nous qui en ton nom chantons à Dieu, avec tendresse de cœur et avec amour : Alléluia.
-II-
SAINTE MARIE-MADELEINE chez le père Marie-Joseph Lagrange
FONDATION DE L'ÉCOLE BIBLIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE JÉRUSALEM
Vocation et oeuvre du père Marie-Joseph Lagrange
Dans cette partie, j’aimerais souligner comment mes premières recherches en théologie m'ont conduite vers la question traitée dans ce volume: Ami.e.s et Apôtres. Nouveau regard de foi pour l'unité visible entre l'Orient et l'Occident. Il y a quelques jours, une parole de l'un de mes professeurs de la Faculté de théologie de l'Université de Montréal me revint à la mémoire: « Moi, ce sont les patriarches ». N'étant pas bibliste, ni exégète, ni archéologue, Je recherchai alors s'il n'y aurait pas une étude sur les Patriarches effectuée par ledit professeur. Et oui, des études avaient effectivement été réalisées. Cette pensée, je la dois à la re-vente récente d'un volume de la collection Lectio Divina, soit le Collectif dirigé par Guy Couturier: Les Patriarches et l’Histoire, publié aux éditions du Cerf et Fides, 1998, 337 p. (cf. volume reçu, 4 septembre 2020).
Auparavant, j'aimerais rendre hommage à ce professeur qui m'encourageait dans la poursuite de mes intérêts personnels, soit la compréhension du Traité de la Vraie Dévotion à la sainte Vierge chez saint Louis-Marie Grignion de Montfort, dévotion qui me venait de mon enfance et qui suscitait mon questionnement. J'exerçais alors un engagement pastoral et administratif dans une paroisse qui était dirigée par les pères montfortains. J'y présentais aussi le 'chapelet médité' à partir dudit traité.
Toutefois, fidèle à mes expériences spirituelles vécues, j’aimerais relater les évènements qui m'ont permise de poursuivre ma quête théologique. Lors des cours d'un des professeurs de la Faculté présentant « les prophètes pré-exiliques » , un évènement particulier m'interpella. L’un de mes fils Benoit étudiant à Polytechnique était ami avec Issa, l’un de ses confrères de cours. Il découvrait alors que ce dernier était le fils « adoptif » du professeur cité, le père Guy Couturier, c.s.c. Suite à ma demande de rencontre, J’osais lui présenter timidement mon expérience de foi. Le texte de l'évangile du jour du dimanche précédant la rencontre était particulièrement interpellant : le Temple construit en 46 ans (1985). À cet effet, le père Couturier accueillait non seulement mon expérience de foi, mais aussi mes intérêts spirituels. Il me conseillait de poursuivre cette quête de compréhension du Traité de la vraie dévotion. Peu à peu, je saisissais l'importance de l'histoire religieuse des peuples. Ma thèse de maîtrise portait la question de la spiritualité sacerdotale au 17e siècle français chez saint Louis-Marie Grignion de Montfort, ses prédécesseurs et ses contemporains, l’École française de spiritualité. À cet effet si, a priori le traité était considéré comme traité populaire, il devint au cours de la recherche, traité théologique liturgique. La nouveauté proposée dans cette 'thèse' me conduisait alors vers le couple de l'Alliance, Marie et Joseph, qui ensemble confirmaient le nom de l'enfant (Mt 1,21; Lc 1,31). Au nom de Jésus, le couple de l'Alliance nouvelle s'engageait avec amour selon l'Appel reçu (M.A. en théologie, U de M, 1990).
Or, à la lecture du livre cité ci-haut mentionné, je remarquais qu'en cette année 1990 le père Couturier dirigeait le Collectif extrait du Colloque soulignant le 100e anniversaire de l’École biblique et archéologique de Jérusalem fondée par le père Marie-Joseph Lagrange, dont le récit vocationnel rappelle l’importance de sainte Marie-Madeleine, dans son appel au ministère sacerdotal. Le père Lagrange est le fondateur de cette école biblique et archéologique. Dans sa biographie, on remarque ce qui suit:
Au jour de l'anniversaire de la sainte, le père Lagrange écrivait à un ami: ' Il me vient, dit-il, des idées de religiosité'. (...) Le 8 septembre, j'étais à saint Maximin, le soir à la Sainte Baume. J'étais ravi. [Cependant] entrer dans un Ordre dont les saints ont été si purs m'effrayait. Sainte Marie-Madeleine, dit-il, m'encourageait doucement. (...) » ( cf. Margo Gravel-Provencher, Agathe de St-Perre, propriétaire du Domaine de la Présentation (1685-1691). Un Acte d'échange à redécouvrir « Aux sources d'une cité et de la spiritualité qui l' vu naître comme lieu d'interpellation », AGGÉE, 2e édition, 2017, pp. 111-114); cf. Bernard Montagnes, Marie-Joseph Lagrange, une biographie critique, Cerf, 2004, p. 84).
Afin de compléter ces dernières observations théologiques sur les différentes perceptions du rôle de Marie-Madeleine en spiritualité et repris dans l'analyse critique de la Bible dans un regard de foi tourné vers la Résurrection du Christ Jésus, il nous est possible de nous ouvrir d'une façon nouvelle à cette perception de notre histoire religieuse: l’Apôtre des apôtres (Occident) et l’apôtre égale aux apôtres et cheffe des disciples féminines chez les Patriarches (Orient). Nous pouvons saisir alors l’importance de la tradition « religieuse » non plus uniquement en spiritualité sacerdotale ministérielle bien que l'impératif et la promesse de la spiritualité du prêtre par Hans Urs von Balthasar s'y réfère en Jn 20, 18 ss. cf. C.I.T.: Le ministère sacerdotal, la spiritualité du prêtre, pp. 116, 1971, Cerf), mais aussi dans la méthode historico-critique initié par le père Lagrange et ses disciples. On découvre alors chez le père Marie-Joseph Lagrange l’importance de l’expérience de foi : des peuples ou des personnes, dans toute analyse critique d’un temps particulier de l'histoire, de l'histoire « religieuse », telle que présentée dans le corpus scripturaire. La préface du Collectif présentée par le père Michel Gourges, o.p. décrit comme suit le centre de son analyse: « l'histoire proprement dite, le milieu social, les incidences juridiques, la religion ». Toutefois, un évènement particulier permettait ce colloque, tenu lors du 100e anniversaire de la Fondation de l'École biblique et archéologique de Jérusalem. Un déplacement était effectué par le passage de la Nouvelle à la première Alliance. On présentait alors une lettre qui jusqu'à ce jour n'avait pas été présentée, la lettre inédite du père Lagrange soulignant l’importance d’un tenir compte de l'histoire religieuse dans l'étude critique des récits scripturaires:
« Dans un contexte exégétique piégé, affirme le père Michel Gourges, o.p., le fondateur de l'École Biblique se délimite ce que nous appellerions aujourd'hui un espace sémantique mitoyen. Il cherche un passage étroit entre les escarpements de l'école mythique et ceux des hypothèses welhausiennes et gunkeliennes. Ce passage, il le nommera tradition religieuse historique sous une forme populaire. Cela permettra d'insérer cette tradition dans un contexte historique réel, tout en tenant compte du fonctionnement de la mémoire populaire et des habitudes narratives de l'époque. La tradition populaire, orale à l'origine, surdétermine religieusement des souvenirs historiques plus ou moins flous mais déjà reliés au patrimoine religieux et confessés comme événements fondateurs de l'expérience croyante d'israël. » ( Les patriarches et l'histoire, préface, p. 9).
Sensible et particulièrement attentive à cette perception qui, dans mes recherches, m'ont conduite vers une analyse théologique de la « spiritualité sacerdotale ministérielle » du Traité de la Vraie Dévotion à la nouveauté énoncée envers le couple de l'Alliance, Marie et Joseph, les diverses études qui ont suivi permettent, aujourd'hui et maintenant, près 30 ans plus tard, vers la présentation du présent volume pour une compréhension plus en profondeur de mon expérience de foi présentée dans ce complément à mes recherches théologiques précédentes : Ami.e.s et apôtres. Nouveau regard de foi pour l’unité visible entre l’Orient et l’Occident (2019), en complément avec les deux livres qui l'ont précédé: La Déclaration Inter Insigniores. Analyse et prospectives à partir de la pensée de Hans Urs von Balthasar, 341 p. (2007) ; Agathe de St-Perre Propriétaire du Domaine de la Présentation (1685-1691). Un Acte d'échange à redécouvrir: « aux sources d'une cité et de la spiritualité qui l'a vu naître comme lieu d'interpellation », 148 p. ( 2e éd. 2017).
Puisse la poursuite de la recherche envers les ministères féminins offrir de nouveaux horizons par une introduction aux prochaines rubriques sur les divers ministères exercés par des femme !
Mise à jour 11 septembre 2020
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NDLR: NOUVEAUTÉ de la 5e partie: Août 2020
22 juillet et 4 août 2020. Une année se sera écoulée lorsque je serai attirée par le volume Marie-Madeleine, secrets et histoire de Karen Ralls ( éd. Evergreen 2008) . J'y découvrirai alors le rôle premier de S.S. LE PATRIARCHE MODESTE présentant MARIE-MADELEINE comme « cheffe des disciples féminines » et apôtre-égale-aux-apôtres. Le synaxaire de 1938 scelle cette perception et devient, selon ma perception, ouverture à l'Unité visible entre l'Orient et l'Occident par la reconnaissance des « disciples féminines » d'après la tradition catholique romaine et le synaxaire de la tradition orthodoxe envers sainte MARIE-MADELEINE la « myrrophore », tel que cité dans cette étude théologique et ministérielle.
Mise à jour: 15 août 2020
En la fête liturgique de l'Assomption de la Vierge Marie.
Margo Gravel-Provencher, théologienne
Dorval, QC H9S 2X9